4 février 2013

Curlies au long cours 3

Arrivée dans les «Vieux Pays»

(...) Olli va voir le commandant et obtient la permission que nous soyons, elle et moi, dans le conteneur, avec les chevaux, lors du décollage. Les passagers embarquent à leur tour et s'installent...

Lors du décollage, Olli me dit de tenir en l'air la tête des chevaux, car ils ont tendance à plier les genoux et jarrets au moment où l'avion quitte le sol. J'avoue que c'est toute une expérience de vivre le décollage d'un 747, debout dans un conteneur, avec des chevaux ! Nous sommes bien calées contre la parois, je m'occupe de maintenir en l'air les têtes de Nymph et Chumani, alors qu'Olli s'occupe de Rosie. Comme annoncé par Olli, les juments ont les jambes qui plient juste au moment où les roues quittent le sol. Il y a, dans leurs yeux, de gros points d'interrogation. Mais notre calme les rassure et après quelques minutes, elles se remettent à piocher dans leur foin, l'air serein.

Durant le vol, les hôtesses permettent à certains passagers d'aller rendre visite aux chevaux, surtout à ceux qui sont près de la porte d'accès à la section cargo et qui s'interrogent sur nos allées et venues. Cela me donne l'occasion de parler des Curlies et d'expliquer ce que nous faisons; un peu de relations publiques ne fait jamais de mal :o)

Le vol se passe sans histoires. Je vais voir les juments, toujours aussi tranquilles, toutes les heures. Je leur apporte à boire, vérifie qu'elles ont toujours du foin, les câline un peu. Elles alternent siestes et grignotages et n'ont pas l'air trop stressé. Pour ma part, je parviens à faire trois siestes d'une vingtaine de minutes, ça va bien.

Sept heures plus tard, l'atterrissage se passe comme le décollage : nous sommes avec les juments, nous leur maintenons la tête en l'air pour ne pas qu'elles se heurtent. Ce sont des sensations totalement inconnues pour ces juments, mais elles nous font confiance.

À l'arrivée à Amsterdam, il faut que je descende avec les passagers, car je dois passer les formalités douanières. Je n'ai qu'un petit sac, j'ai du foin dans les cheveux et je sens le cheval : les douaniers ne mettent pas en doutes que je suis une groom on duty et il ne me faut que quelques minutes pour sortir.

L'aéroport international de Schiphol-Amsterdam est immense. Je prends donc un autobus qui me dépose, un kilomètre plus loin, devant les entrepôts cargos de KLM. Le bâtiment #1 est justement le Animal Hotel, le lieux de transit de milliers d'animaux de toutes sortes qui partent et arrivent du monde entier. D'ailleurs, dans notre avion, Olli avait aussi la responsabilité d'un gentil chat persan dont la destination finale était le Koweit. Pauvre minou... nous l'avons "minouché" durant le vol, mais il n'avait pas l'air bien heureux de son aventure qui, manifestement, était loin d'être terminée.

Je passe une guérite de sécurité où, après vérification que mon nom est bien sur la liste des personnes autorisées, on me remet un badge qui me permettra de circules sur les lieux.


 Voici «le salon» réservé au grooms (accompagnateurs des animaux). Mais je préfère patienter dehors, pour prendre l'air, en attendant que Olli et les juments arrivent à l'entrepôt. Le jour se lève, mais il fait tellement gris, humide et brumeux, que ce n'est pas bien agréable. Pourtant, je hume l'air de ce pays où je ne suis encore jamais venue. J'essaie de déchiffrer les divers panneaux, mais le néerlandais est une langue bien étrange... Heureusement que la plupart des indications sont aussi en anglais !

J'ai peu d'images de l'Animal Hotel, car la prise de photos est interdite. Mais j'ai obtenu la permission de prendre en photo mes chevaux «et uniquement mes chevaux !» Je n'avais emporté qu'un petit point and shot que mon frère ma gentiment prêté et qui se glisse dans une poche, ce qui est bien pratique.




 Finalement, Olli vient me chercher et m'emmène aux chevaux qui sont dans la «section rouge» réservée aux animaux qui ne sont pas encore dédouanés et qui n'ont pas encore passé l'inspection vétérinaire de l'arrivée. Je ne savais pas si j'avais le droit de me rendre dans cette section, mais Olli me dit que oui, que c'est écrit sur mon badge... en néerlandais !







Les photos sont affreuses, comme la lumière qui règne dans tout entrepôt, mais voici les cocottes qui attendent patiemment qu'on vienne les chercher...

Cela prendra encore presque trois heures avant que toutes les formalités de douanes soient effectuées. En attendant, Olli me fait visiter les lieux. Elle m'explique que des dizaines de milliers d'animaux transitent par le Animal Hotel, chaque année. Ce jour-là, il y avait une soixantaine de chiens - dont plusieurs du Canada- , une vingtaine de chats, des oiseaux exotiques, des lapins, des cochons d'inde et des milliers de poussins d'un jour... Il y avait aussi huit chiots de sept semaines, nés d'une chienne ayant accouché sur place, alors qu'elle devait être expédiée en Afrique. Comme ni le vendeur ni l'acheteur n'ont voulu payer les frais vétérinaires et de pension, le personnel s'en est occupé et leur cherche une famille d'adoption...

 Pour en revenir à mes équidés, finalement, le contrôle vétérinaire n'est qu'une simple formalité : la vétérinaire vérifie les certificats de santé internationaux et comparent la description des chevaux avec ceux qui sont en face d'elle. Petite auscultation rapide, pas de morve au nez ni de blessure apparente... Nous sommes enfin libérés.

Le transporteur Belge qui doit nous emmener est arrivé depuis un moment. J'inspecte son camion et sa remorque, tellement différents de ce qui se fait chez nous. Il y a un camion dans lequel monteront deux chevaux, dos au sens de la marche, et une remorque pour deux autres chevaux. Je trouve le système d'attache bien maigrelet et il n'y a qu'un câble pour sécuriser le tout (chez nous, se serait une double chaine). J'apprends à ce moment-là qu'il transportera un quatrième cheval, un cheval de course, en même temps que les juments. Je ne suis pas contente, cela n'était pas prévu et je ne veux pas que mes juments, surtout Rosie qui est enceinte, soient en contact avec un cheval qui traine sur les hippodromes et qui peut être porteur de toutes sortes de virus contre lesquels mes juments ne sont pas vaccinées et que leur organisme ne reconnaitra pas, surtout avec le stress et la fatigue. Manifestement, mon mécontentement n'y peut rien. Je m'arrange pour que le cheval de course, gentil au demeurant, n'ait aucun contact avec les juments. L'avantage du camion est que les chevaux sont complètement séparés et ne peuvent avoir de contacts nez à nez, c'est toujours ça.

Deuxième mauvaise surprise à l'ouverture des portes de la remorque (ou van, comme disent nos amis outre-atlantique) : il est immonde. Il empeste l'urine, il n'y a ni litière ni foin et pratiquement aucune ventilation. J'essaie de rester calme, il est prévu de ne faire qu'un petit parcours pour se rendre à une écurie où les juments pourront enfin se délasser les jambes et s'allonger toute une nuit si elles le désirent.

À suivre...



3 commentaires :

  1. Pfiouf ! Quel voyage !
    C'est vrai qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre niveau transport dans le pays d'arrivée !

    C'est super chouette comme récit ! J'adore ! :D

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  2. C'est tellement agréable de lire ton aventure avec tes chevaux.
    Je suis curieuse de savoir où se trouve la porte qui donne accès à la section cargo. C'est un voyage tellement inusité. Tu as dû épater ces voyageurs qui ont pu rencontrer tes juments.
    On attend la suite.
    Louise

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  3. Merci pour ce petit intermède...Moi aussi j'attends la suite avec impatience. Camille

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