11 octobre 2012

Rhysse cannelle



 Joli et élégant insecte chez lequel on reconnaît un air de famille avec les guêpes...

Courriel reçu en réponse au mien qui demandait quelle pouvait bien être cette impressionnante bestiole que j'ai photographiée à la fin de l'été :

Bonjour,

Pour répondre à votre questionnement, ces insectes sont de la famille des Ichneumonidae, du genre megarhyssa.  Cependant, je ne peux certifier de quelle espèce il s'agit, mais il s'agit très probablement du  Rhysse cannelle (Megarhyssa macrurus).  La détermination à l'espèce est très difficile (parfois même téméraire!) à partir de photos et quelques (quatre) espèces se ressemblent drôlement...

Ces insectes appartiennent à l'ordre des hyménoptères (guêpes, abeilles, bourdons, fourmis et plusieurs autres) et sont solitaires.  Les femelles sont nombreuses là où leurs proies le sont.  Ces insectes pondent des oeufs sur des larves de siricidae (d'autres hyménoptères...) qui se développent dans le bois.  

Une fois l'oeuf éclos, leurs larves vont se nourrir de celles des siricidae: elles sont donc très utiles dans le contrôle des populations des insectes térébrants (perçant le bois).

Espérant le tout à votre satisfaction,

Mario Bonneau
Préposé aux renseignements entomologiques
Collections entomologiques et recherche
Insectarium de Montréal/Espace pour la vie




Pique ou ne pique pas ? André ne voulait pas approcher son doigt alors que je le lui demandais, pour avoir un ordre de grandeur... Finalement, bonne nouvelle, ça ne pique pas !

Toutes les citations en italiques que vous trouverez en légende de mes photos et placées entre guillemets sont tirées du blog La Nature d'une nouvelle entreprise de Jean-Sébastien Bouchard que je remercie énormément (source : http://www.jsbouchard.com/2006/09/ichneumons-ca-cest-de-la-bibitte/). Son blog est placé sous licence d'utilisation Creative Commons qui permet d'en partager le contenu en autant que les références soient clairement indiquées.



 
En faisant quelques recherches, j'ai appris que cette longue «épée» s'appelait un ovipositeur et que cela pouvait faire jusqu'à 13 cm de long !

C'est l'instrument qui lui permet de pondre ses oeufs directement dans le corps des larves dissimulées dans l'arbre.

«En effet, les ichneumons pondent leurs oeufs sur ou dans le corps d’un hôte (un autre insecte, souvent une chenille ou un autre type de larve) qui servira de garde-manger pour leur progéniture. C’est ainsi qu’une fois l’oeuf éclos, la larve de l’ichneumon s’installe confortablement dans le corps de l’hôte et commence à déguster méthodiquement l’hôte en question (...). Le jeune ichneumon peut alors se transformer en pupe, dernière étape avant d’émerger au stade adulte et se remettre en quête soit d’une femelle à féconder, soit d’un hôte à honorer de quelques oeufs.(...)»






«La femelle Megarhyssa détecte d’abord la larve-hôte dans un tronc mort ou une souche. Le processus précis de détection n’est pas entièrement connu, mais on sait que le bruit fait par les larves qui mangent le bois y est pour quelque chose. Elle insère ensuite entièrement son ovipositeur dans le bois et dépose un oeuf dans l’hôte





«Le mécanisme d’insertion de l’ovipositeur dans le bois est assez fascinant. D’abord, les membranes intersegmentaires se déplient (sur la photo, on voit les membranes en haut et l’ovipositeur qui descend jusque dans le tronc de l’arbre.»




 «Ensuite, certains segments de l’abdomen subissent une rotation complète qui cause l’extension du style de l’ovipositeur. Cette extension étire les membranes qui forment alors un disque translucide d’environ 2cm de diamètre.

L’entrée du style dans le bois est facilitée par une sécrétion qui détruit les fibres du bois. Ces adaptations permettent aux rhysses de pénétrer le bois franc et de pondre leurs oeufs dans des larves de tremex qui se trouvent à une profondeur pouvant atteindre 14cm

 Comme quoi, l'élevage des chevaux peut même mener aux curiosités enthomologistes !


Textes et photos : Isabelle Checroune 2012
sauf les textes en italiques placés entre guillemets : Jean-Sébastien Bouchard

6 commentaires :

  1. Quelle bizarre de bestiole ! Très intéressant ! :)

    Z'avez ces bestioles la chez vous ? : http://2.bp.blogspot.com/-JaAilTliRPM/UDDZ-Fcf34I/AAAAAAAACVI/YMGa_CPhFfc/s1600/P1010261.JPG

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    1. Oui, j'en ai vu qui y ressemblait. C'est drôlement joli! Tu peux envoyer ta photo à l'insectarium de Montréal, en disant où la photo a été prise, et ils devraient te donner une réponse : Insectarium@ville.montreal.qc.ca

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    2. C'est une Rosalie Alpine (mais qu'est ce qu'elle faisait chez moi ?? ^^), les larves mettent 3 ans à se développer avant de devenir adulte et cette p'tite bête est protégé par la loi. :)

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. woua les belles potos et le texte est tres interessant. Merci

    mamili

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  4. Merci, grace à votre blog j'en ai appris plus sur cette espèce.

    Je crois que je suis tombée sur une le 25 aout 2013 dans les bois de La Minerve, très impressionant. Elle avait le dard dans l'arbre.

    J'ai même envoyé une demande a l'insectarium pour confirmation.

    Karine

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