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Afin de commémorer mon retour dans la blogosphère, je me permets de partager la réponse que je viens d'envoyer à l'une de nos ex-stagiaires, histoire de nous remettre dans le bain équin. Je le fais sans prétention aucune. Cette jeune femme, par ailleurs superbe cavalière, a eu la gentillesse de faire appel à mon point de vue. Ce billet n'est donc que ça : mon point de vue, l'approche que je favoriserais dans ce cas. Ce qui me fait m'apercevoir qu'il n'est vraiment pas facile de mettre par écrit les étapes d'une danse faite de ressenti, d'observation, d'action-réaction au gramme et à la seconde près... Les chevaux ne viennent pas avec un mode d'emploi et les humains n'ont plus. Ce qui fonctionne avec l'un peut s'avérer totalement inadéquat avec l'autre... Il y a des jours et des lunes où les étoiles s'alignent parfaitement et la danse s'exécute à la perfection. Et des jours de dépression et d'orages où rien ne semble fonctionner... Le mot d'ordre est patience. Patience, persévérance, observation, instinct, ressenti... et zénitude !
***
Bonjours Isabelle, (...) je tenais à te remercier pour tous tes conseils, ils m'ont bien aidée avec mon cheval, grâce a ta technique de travail en liberté j'ai réussi à le faire monter dans le grand méchant van qui le terrifiait!! et je voulais te demander si tu avais un conseil à me donner, car je rencontre une difficulté avec mon cheval, il ne se laisse plus du tout attraper au pré. Certaines personnes m'ont donné des conseils, mais je n'aime pas forcément leur manière de faire et vu que j'aime beaucoup ta technique, je voudrais savoir si tu avais un petit conseil?? Merci d'avance de ta réponse, plein de bisous à tout le monde aux ranch à bientôt!
B.
Bonjour !
Désolée, je ne sais pas faire court et, à la relecture, je me rends compte que ma réponse tient plus du roman que du petit truc technique...
Merci pour ces nouvelles et ces gentils mots. Voyons ce que je peux faire pour ton cheval et toi.
Il y a plusieurs approches possibles, mais la première chose à faire est de te mettre à la place de ton cheval et d'essayer de comprendre pourquoi est-ce qu'il ne veut plus se laisser attraper. Est-ce que c'est parce qu'il craint quelque chose ou simplement parce qu'il est mieux au pré avec ses copains qu'avec toi (surtout si c'est pour travailler) ? Est-ce que c'est tout le monde qui ne peut pas l'attraper ou bien une personne en particulier ? Est-ce que c'est seulement lorsque tu as une longe en main ou bien est-ce en tous temps ? Y réfléchir te permettra de choisir la meilleure approche.
Ensuite, il ne faut pas être pressé(e). Si tu te dis : «J'ai 20 minutes pour l'attraper» cela va te prendre la journée. Si tu te dis que tu as toute la journée devant toi, cela te prendra probablement moins de 20 minutes... Cette attitude mentale va se transférer à ton attitude physique. Les chevaux lisent le langage corporel avant toute chose. Il faut donc être conscient de l'image, l'énergie que nous projetons.
Je sais que je l'ai déjà dit, mais la lecture du livre COMMUNIQUER AVEC SON CHEVAL de Véronique de Saint-Vaulry est un excellent outil aussi.
Il faut que ton cheval ait envie de venir te rejoindre et de passer du temps avec toi. En échange, il faut que tu lui offres des moments de belle complicité et d'amitié, que cela ne soit pas uniquement lorsque tu veux le monter que tu ailles le voir... de bonnes séances de grattouilles sont toujours appréciées. Mais n'oublie pas d'établir des règles claires, notamment sur le respect de ta bulle et le fait qu'il est strictement défendu de te bousculer ou de te faire bouger (relation de dominance). C'est toi qui entre dans sa bulle, c'est toi qui décide de le grattouiller et c'est toi qui décide quand la séance est terminée.
Ensuite, dans les techniques possibles, il y a l'approche-retrait; celle qui est de rendre désagréable le comportement que nous ne souhaitons pas et agréable le comportement que nous voulons, ou bien celle qui consiste à établir une relation de confiance maître à élève, dans le respect de la nature et du mode de communication des chevaux. Cette dernière consiste à se poser comme leader, en personne de confiance, celle qui sait, et cela s'obtient en gérant les déplacements du cheval, sans jamais le mettre dans une situation où il se sentirait en danger.
Dans le troupeau, le cheval reconnaît la supériorité de la jument alpha. Il la laisse manger et boire avant lui, mais il sait aussi qu'elle a pour mission de mener son troupeau aux meilleurs herbages, aux meilleurs points d'eau, sur les chemins les plus sûrs. C'est donc un respect naturel et réconfortant. La matriarche s'assure que tout le monde suive les règles, avec consistance. Les règles ne changent pas au gré de son humeur, elles sont claires, donc le cheval les comprend et les suit de bon gré. Ces règles et habitudes sont sources de confort et de sécurité. En agissant comme le ferait la matriarche, notre cheval n'en sera que plus à l'aise et ravi de nous suivre.
Donc, rentre dans le pré, à portée de voix et de vue de ton cheval, mais sans avoir l'intention de l'attraper - du moins pas tout de suite ! - il faut qu'il soit calme et se sente à l'aise de te voir à cette distance. S'il ne l'est pas, prends du recul, trouve la limite de sa zone de confort. S'il fuit, attends qu'il s'arrête, puis approche un peu, arrête, approche un peu, arrête... jusqu'à ce que tu sois à une distance qui te permette de bien le voir et que tu puisses lui parler sans hausser le ton. Tu auras utilisé la technique de l'approche-retrait.
Commence par l'appeler par son nom. S'il lève la tête et te regarde, très bien, félicite-le. S'il t'ignore, augmente la pression de ta demande, tape dans tes mains, sur tes cuisses, saute en l'air... bref, n'importe quoi pour attirer son attention. Dès qu'il te regarde, arrête de gigoter et félicite-le. Demande-lui de garder son attention sur toi (dès qu'il pense à détourner les yeux, les oreilles, rappelle-le). Une fois que tu as bien son attention, deux alternatives s'offrent à toi : soit tu peux l'appeler pour qu'il vienne à toi (la carotte n'est pas interdite!), tu lui fais un câlin et tu t'en va; soit tu peux simplement faire demi-tour, l'ignorer et sortir de son pré. De cette façon, c'est toi qui le quitte et non pas lui qui t'ignore. Bref, tu prends le contrôle de la situation. Tu reviendras une autre fois, plus tard ou un autre jour, pour la suite de la leçon.
Si tu as décidé de l'appeler, il faut qu'il vienne. De nouveau, s'il détourne son attention de toi, arrange-toi pour qu'il revienne sur toi, en augmentant l'intensité de l'appel peu à peu si nécessaire. S'il te regarde, mais ne bouge pas, approche-toi de lui, d'un pas normal, zen mais décidé. Au moindre mouvement de recul, arrête-toi, fais un pas en arrière. Il faut que tu aies son attention et qu'il soit en zone de confort. Il doit aussi avoir toute ton attention. S'il se détourne et fuit (même au pas, s'il s'éloigne, il te fuit), chasse-le, demande-lui de bouger, dirige-le dans une direction puis une autre. Tout cela peut se faire au pas, l'important est que tu prennes le contrôle de son mouvement et non pas de l'effrayer. Rappelle-toi que chez les chevaux, celui qui fait bouger l'autre domine et gère...
Après l'avoir ainsi promené à distance, arrête-toi et appelle-le. S'il s'arrête et te regarde, parfait ! Félicite-le. Marche vers lui tranquillement, sans intention de le faire bouger. Vise son épaule. Sil te fuit, recommence à le faire bouger et à le diriger d'un côté, puis de l'autre. Ignore les autres chevaux qui peuvent être dans le pré, mets toute ton attention sur ton cheval et uniquement sur lui. Il va éventuellement se cacher derrière un copain, ignore le copain et continue la pression afin qu'il se déplace. Idéalement, l'empêcher de rejoindre ses copains en se mettant entre lui et eux est une excellente alternative.
Arrête-toi, laisse-le s'arrêter. Pousse un gros soupir, soit très calme, puis avance vers son épaule. S'il se laisse toucher, fais-lui de grosses grattouilles sur l'encolure, dis-lui qu'il est beau et gentil, repousse un gros soupir (il devrait en pousser un lui aussi, sinon attends qu'il soit complètement détendu), puis quitte-le.
S'il ne s'est pas laisser toucher, tu recommences tout le manège... Soit toujours en contrôle de son mouvement. N'hésite pas à le faire changer de direction souvent. L'important est de le faire bouger et de contrôler sa direction. Reste à distance sécuritaire, toujours.
Et oui, tout ça pour ça. C'est ce que tu te dis, mais c'est aussi ce qu'il va se dire. Pourquoi déployer tant d'énergie pour échapper à un moment somme toutes agréable ? Et, surtout, tu établies une relation de leadership. En ta présence (agréable), c'est toi qui gère et il faut qu'il vienne se mettre sous ta direction attentive et amicale, bien que non-négociable.
La première fois que tu vas pratiquer cet exercice, il se peut que tu y passes un peu de temps. Mais si tu es consistante dans tes demandes et ta façon de faire, tu verras que si, au moindre signe de fuite de sa part, tu lui demandes de bouger, il se retournera bien vite vers toi et t'attendra, rassuré sur ton leadership et ton amitié. Offre-lui des moments agréables. En longe, amène-le brouter des herbes bien dodues et délicieuses. Il sera bientôt ravi de te voir arriver avec le licol et la longe. Et si tu le montes, prends le temps de lui offrir un moment délicieusement agréable en ta compagnie, avant de le remettre au pré. Que le pré ne soit pas la délivrance après un travail ardu.
Que faire si ton cheval n'apprécie pas que tu le fasses bouger, qu'il te menace ou t'envoie un coup de cul de mécontentement ? : Il est tout à fait possible que ton cheval résiste et veuille te confronter, surtout s'il remet en question la place que tu occupes dans sa hiérarchie personnelle. Dans ce cas, ta réponse doit être immédiate et violente (en tout cas dans tes émotions). Il faut que tu le charges, les oreilles dans le crin et les dents en avant, en fouaillant de la queue !!! Ah oui, c'est vrai, tu n'as pas les attributs de la jument dominante... alors fais comme si! Mets toi très en colère et chasse le avec violence (reste à distance sécuritaire, mais si tu as une longe en main, tu peux la lui lancer sur les fesses). Il faut que tu aies la volonté de le tuer ou, du moins, il faut qu'il t'en croit capable. Dès qu'il montre le moindre signe de «Oups, j'ai fait une bêtise...», arrête-toi, respire un bon coup, redeviens complètement calme et rassure-le : «Tu es un bon cheval, je t'aime et je t'assure de mon amitié, mais ce que tu viens de faire est totalement inadmissible et mortel !»
C'est très difficile à faire et totalement épuisant émotionnellement. Mais c'est indispensable. Un cheval, ça peut être 500 kg d'amour, de gentillesse et d'affection, mais c'est aussi 500 kg dont une bonne part de muscles, qui peut nous tuer d'un coup de pied ou d'un coup de dent. Jamais un cheval se permettrait une incivilité envers un cheval qu'il respecte. Il doit comprendre que la même règle s'applique envers toi (et tous les humains de préférence, même si certains ne font rien pour se faire aimer et respecter).
Bien des gens ont du mal à comprendre ce concept et beaucoup ont peur que le cheval ne les aime plus... L'exemple que je donne à chaque fois est celui d'un parent : le parent aime inconditionnellement ses enfants, mais il établit des règles et gronde- plus ou moins fort selon la gravité de la bêtise - si nécessaire. Est-ce que ses enfants l'en aime moins pour autant ? Certainement pas. Plus le cadre est clair, les règles établies et appliquées sans élasticité, plus il est confortable de s'ébattre à l'intérieur de ce cadre. On sait que l'on peut compter sur nos parents pour nous protéger et nous montrer le bon chemin, même s'il nous arrive de tester leur autorité. Le même principe s'applique pour les chevaux, qui se sentent en sécurité et confortables dans un cadre précis et dans la routine. Il ne faut pas confondre dominance et domination. Dans le premier, on parle d'autorité naturelle et de leadership, d'application de règles équitables et faciles à comprendre. Dans le deuxième cas, il s'agit purement de violence et d'égocentrisme.
Je suis certaine que cela va bien se passer et que tu vas vite retrouver la complicité et l'amitié avec ton cheval, sans avoir à faire trop d'efforts. Le respect et l'attention s'appliquent dans les deux sens, du cheval à l'humain et, c'est essentiel, de l'humain au cheval. L'un ne va pas sans l'autre.
Il y a plusieurs approches possibles, mais la première chose à faire est de te mettre à la place de ton cheval et d'essayer de comprendre pourquoi est-ce qu'il ne veut plus se laisser attraper. Est-ce que c'est parce qu'il craint quelque chose ou simplement parce qu'il est mieux au pré avec ses copains qu'avec toi (surtout si c'est pour travailler) ? Est-ce que c'est tout le monde qui ne peut pas l'attraper ou bien une personne en particulier ? Est-ce que c'est seulement lorsque tu as une longe en main ou bien est-ce en tous temps ? Y réfléchir te permettra de choisir la meilleure approche.
Ensuite, il ne faut pas être pressé(e). Si tu te dis : «J'ai 20 minutes pour l'attraper» cela va te prendre la journée. Si tu te dis que tu as toute la journée devant toi, cela te prendra probablement moins de 20 minutes... Cette attitude mentale va se transférer à ton attitude physique. Les chevaux lisent le langage corporel avant toute chose. Il faut donc être conscient de l'image, l'énergie que nous projetons.
Je sais que je l'ai déjà dit, mais la lecture du livre COMMUNIQUER AVEC SON CHEVAL de Véronique de Saint-Vaulry est un excellent outil aussi.
Il faut que ton cheval ait envie de venir te rejoindre et de passer du temps avec toi. En échange, il faut que tu lui offres des moments de belle complicité et d'amitié, que cela ne soit pas uniquement lorsque tu veux le monter que tu ailles le voir... de bonnes séances de grattouilles sont toujours appréciées. Mais n'oublie pas d'établir des règles claires, notamment sur le respect de ta bulle et le fait qu'il est strictement défendu de te bousculer ou de te faire bouger (relation de dominance). C'est toi qui entre dans sa bulle, c'est toi qui décide de le grattouiller et c'est toi qui décide quand la séance est terminée.
Ensuite, dans les techniques possibles, il y a l'approche-retrait; celle qui est de rendre désagréable le comportement que nous ne souhaitons pas et agréable le comportement que nous voulons, ou bien celle qui consiste à établir une relation de confiance maître à élève, dans le respect de la nature et du mode de communication des chevaux. Cette dernière consiste à se poser comme leader, en personne de confiance, celle qui sait, et cela s'obtient en gérant les déplacements du cheval, sans jamais le mettre dans une situation où il se sentirait en danger.
Dans le troupeau, le cheval reconnaît la supériorité de la jument alpha. Il la laisse manger et boire avant lui, mais il sait aussi qu'elle a pour mission de mener son troupeau aux meilleurs herbages, aux meilleurs points d'eau, sur les chemins les plus sûrs. C'est donc un respect naturel et réconfortant. La matriarche s'assure que tout le monde suive les règles, avec consistance. Les règles ne changent pas au gré de son humeur, elles sont claires, donc le cheval les comprend et les suit de bon gré. Ces règles et habitudes sont sources de confort et de sécurité. En agissant comme le ferait la matriarche, notre cheval n'en sera que plus à l'aise et ravi de nous suivre.
Donc, rentre dans le pré, à portée de voix et de vue de ton cheval, mais sans avoir l'intention de l'attraper - du moins pas tout de suite ! - il faut qu'il soit calme et se sente à l'aise de te voir à cette distance. S'il ne l'est pas, prends du recul, trouve la limite de sa zone de confort. S'il fuit, attends qu'il s'arrête, puis approche un peu, arrête, approche un peu, arrête... jusqu'à ce que tu sois à une distance qui te permette de bien le voir et que tu puisses lui parler sans hausser le ton. Tu auras utilisé la technique de l'approche-retrait.
Commence par l'appeler par son nom. S'il lève la tête et te regarde, très bien, félicite-le. S'il t'ignore, augmente la pression de ta demande, tape dans tes mains, sur tes cuisses, saute en l'air... bref, n'importe quoi pour attirer son attention. Dès qu'il te regarde, arrête de gigoter et félicite-le. Demande-lui de garder son attention sur toi (dès qu'il pense à détourner les yeux, les oreilles, rappelle-le). Une fois que tu as bien son attention, deux alternatives s'offrent à toi : soit tu peux l'appeler pour qu'il vienne à toi (la carotte n'est pas interdite!), tu lui fais un câlin et tu t'en va; soit tu peux simplement faire demi-tour, l'ignorer et sortir de son pré. De cette façon, c'est toi qui le quitte et non pas lui qui t'ignore. Bref, tu prends le contrôle de la situation. Tu reviendras une autre fois, plus tard ou un autre jour, pour la suite de la leçon.
Si tu as décidé de l'appeler, il faut qu'il vienne. De nouveau, s'il détourne son attention de toi, arrange-toi pour qu'il revienne sur toi, en augmentant l'intensité de l'appel peu à peu si nécessaire. S'il te regarde, mais ne bouge pas, approche-toi de lui, d'un pas normal, zen mais décidé. Au moindre mouvement de recul, arrête-toi, fais un pas en arrière. Il faut que tu aies son attention et qu'il soit en zone de confort. Il doit aussi avoir toute ton attention. S'il se détourne et fuit (même au pas, s'il s'éloigne, il te fuit), chasse-le, demande-lui de bouger, dirige-le dans une direction puis une autre. Tout cela peut se faire au pas, l'important est que tu prennes le contrôle de son mouvement et non pas de l'effrayer. Rappelle-toi que chez les chevaux, celui qui fait bouger l'autre domine et gère...
Après l'avoir ainsi promené à distance, arrête-toi et appelle-le. S'il s'arrête et te regarde, parfait ! Félicite-le. Marche vers lui tranquillement, sans intention de le faire bouger. Vise son épaule. Sil te fuit, recommence à le faire bouger et à le diriger d'un côté, puis de l'autre. Ignore les autres chevaux qui peuvent être dans le pré, mets toute ton attention sur ton cheval et uniquement sur lui. Il va éventuellement se cacher derrière un copain, ignore le copain et continue la pression afin qu'il se déplace. Idéalement, l'empêcher de rejoindre ses copains en se mettant entre lui et eux est une excellente alternative.
Arrête-toi, laisse-le s'arrêter. Pousse un gros soupir, soit très calme, puis avance vers son épaule. S'il se laisse toucher, fais-lui de grosses grattouilles sur l'encolure, dis-lui qu'il est beau et gentil, repousse un gros soupir (il devrait en pousser un lui aussi, sinon attends qu'il soit complètement détendu), puis quitte-le.
S'il ne s'est pas laisser toucher, tu recommences tout le manège... Soit toujours en contrôle de son mouvement. N'hésite pas à le faire changer de direction souvent. L'important est de le faire bouger et de contrôler sa direction. Reste à distance sécuritaire, toujours.
Et oui, tout ça pour ça. C'est ce que tu te dis, mais c'est aussi ce qu'il va se dire. Pourquoi déployer tant d'énergie pour échapper à un moment somme toutes agréable ? Et, surtout, tu établies une relation de leadership. En ta présence (agréable), c'est toi qui gère et il faut qu'il vienne se mettre sous ta direction attentive et amicale, bien que non-négociable.
La première fois que tu vas pratiquer cet exercice, il se peut que tu y passes un peu de temps. Mais si tu es consistante dans tes demandes et ta façon de faire, tu verras que si, au moindre signe de fuite de sa part, tu lui demandes de bouger, il se retournera bien vite vers toi et t'attendra, rassuré sur ton leadership et ton amitié. Offre-lui des moments agréables. En longe, amène-le brouter des herbes bien dodues et délicieuses. Il sera bientôt ravi de te voir arriver avec le licol et la longe. Et si tu le montes, prends le temps de lui offrir un moment délicieusement agréable en ta compagnie, avant de le remettre au pré. Que le pré ne soit pas la délivrance après un travail ardu.
Que faire si ton cheval n'apprécie pas que tu le fasses bouger, qu'il te menace ou t'envoie un coup de cul de mécontentement ? : Il est tout à fait possible que ton cheval résiste et veuille te confronter, surtout s'il remet en question la place que tu occupes dans sa hiérarchie personnelle. Dans ce cas, ta réponse doit être immédiate et violente (en tout cas dans tes émotions). Il faut que tu le charges, les oreilles dans le crin et les dents en avant, en fouaillant de la queue !!! Ah oui, c'est vrai, tu n'as pas les attributs de la jument dominante... alors fais comme si! Mets toi très en colère et chasse le avec violence (reste à distance sécuritaire, mais si tu as une longe en main, tu peux la lui lancer sur les fesses). Il faut que tu aies la volonté de le tuer ou, du moins, il faut qu'il t'en croit capable. Dès qu'il montre le moindre signe de «Oups, j'ai fait une bêtise...», arrête-toi, respire un bon coup, redeviens complètement calme et rassure-le : «Tu es un bon cheval, je t'aime et je t'assure de mon amitié, mais ce que tu viens de faire est totalement inadmissible et mortel !»
C'est très difficile à faire et totalement épuisant émotionnellement. Mais c'est indispensable. Un cheval, ça peut être 500 kg d'amour, de gentillesse et d'affection, mais c'est aussi 500 kg dont une bonne part de muscles, qui peut nous tuer d'un coup de pied ou d'un coup de dent. Jamais un cheval se permettrait une incivilité envers un cheval qu'il respecte. Il doit comprendre que la même règle s'applique envers toi (et tous les humains de préférence, même si certains ne font rien pour se faire aimer et respecter).
Bien des gens ont du mal à comprendre ce concept et beaucoup ont peur que le cheval ne les aime plus... L'exemple que je donne à chaque fois est celui d'un parent : le parent aime inconditionnellement ses enfants, mais il établit des règles et gronde- plus ou moins fort selon la gravité de la bêtise - si nécessaire. Est-ce que ses enfants l'en aime moins pour autant ? Certainement pas. Plus le cadre est clair, les règles établies et appliquées sans élasticité, plus il est confortable de s'ébattre à l'intérieur de ce cadre. On sait que l'on peut compter sur nos parents pour nous protéger et nous montrer le bon chemin, même s'il nous arrive de tester leur autorité. Le même principe s'applique pour les chevaux, qui se sentent en sécurité et confortables dans un cadre précis et dans la routine. Il ne faut pas confondre dominance et domination. Dans le premier, on parle d'autorité naturelle et de leadership, d'application de règles équitables et faciles à comprendre. Dans le deuxième cas, il s'agit purement de violence et d'égocentrisme.
Je suis certaine que cela va bien se passer et que tu vas vite retrouver la complicité et l'amitié avec ton cheval, sans avoir à faire trop d'efforts. Le respect et l'attention s'appliquent dans les deux sens, du cheval à l'humain et, c'est essentiel, de l'humain au cheval. L'un ne va pas sans l'autre.
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Coucou Isabelle !
RépondreSupprimersuper intéressant ! Ça fait toujours du bien une petite révision... et ça me rappelle quelques longues heures dans le pré à faire bouger Mister avant de pouvoir lui passer le licol !!!
Bisous à tous !
Un plaisir à lire cet article ! :D
RépondreSupprimerJ'me dis que j'fais pas tout mal avec mon Lou', bien que parfois j'me trouve un peu (trop) ferme mais il teste facilement ma bourrique ! ^^
En tout cas, MERCI de m'avoir donné, partagé les bases ! :) (ça m'a d'ailleurs permis d'aider une jeune fille et son p'tit poney dernièrement qui entrait dans la bulle sans permission) :)
Ça me fait plaisir que cela vous fasse plaisir :o)
RépondreSupprimerJ'ai toujours une hésitation à partager ce genre de chose par écrit, j'ai toujours la crainte d'être mal interprétée et il est si difficile de transcrire ce qui se passe réellement sur le terrain ! Il y a tellement d'émotions, d'attention, de feelings...
Tant mieux si j'ai pu, un jour, vous être utile et vous aider à grandir dans votre relation aux chevaux. Quand je regarde le chemin parcouru, je me dis que j'en ai fait un bon bout, mais qu'il me reste tant à apprendre !
Isabelle,Je trouve toujours intéressant tes petites capsules. J'ai tellement hâte de pouvoir les mettre en pratique. Dans un avenir pas trop éloigné j'espère. Coucou Virginie !Comment vons tes "garçons".
RépondreSupprimerCoucou Camille ! Est-ce bien Camille au moins ? Mes garçons vont bien ! Mon poulain est au travail, il se prépare à porter sa cavalière !!! A bientôt
SupprimerVoilà, un discours clair, pratique et vraiment intéressant...
RépondreSupprimerpas réfléchi à tout ça, moi, quand je courrais après Bichette pendant 1h avant de rendre les armes. La fois suivante, j'y suis allée avec le seau de grains ! ça marche bien aussi... une fois ! La fois suivante, elle s'est méfiée, mais la gourmandise l'a emportée encore ! ;-))
Et oui, ça parait compliqueé au début mais après ça devient naturel. C'est rigolo mais je fais toujours le parallèle avec les enfants... Il faut des règles et les tenir. J'aime toujours autant tes discours, tout comme tes photos. Merci à toi !
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