30 janvier 2013

Curlies au long cours 1

Le départ...

Cela fait déjà une dizaine d'année que nous expédions régulièrement de nos chevaux outre-mer : Allemagne, France, Belgique, Angleterre, nos chevaux essaiment dans les Vieux-Pays. Et s'il m'est déjà arrivée de les y rejoindre afin de les installer dans leur nouvelle maison, je ne les avais jamais accompagnés sur toute la longueur du périple.

Chumani, Nymph & Rosie dans leur nouvelle maison...
L'occasion s'est présentée le mois dernier, alors que deux de nos Curlies, plus une que je représentais*, débutaient leur long voyage en destination de la Drôme Provençale (France). En effet, Nymph et Chumani vivent maintenant au milieu des vignes et des champs de lavandin, en compagnie de leur nouvelle amie Rosie...
 
Comme d'habitude, le processus d'exportation commence par un minimum de trente jour d'isolement sanitaire (genre de quarantaine, obligatoire avant toute exportation vers l'Europe) qui se passe chez nous, sous la supervision d'un vétérinaire de l'ACIA (Agence canadienne d'inspection des aliments). Une fois toutes les formalités sanitaires effectuées, le vétérinaire prépare un certificat international de santé pour chaque cheval, expressément émis pour le pays de destination, genre de sésame qui leur ouvre la porte de l'Europe.

Parallèlement, j'ai organisé la logistique du transport. Comme d'habitude, nous avons utilisé les excellents services de Consolair (je me permets de leur faire de la pub, une fois n'est pas coutume, car ils sont durs à battre côté professionnalisme ET prix) qui viendra nous chercher très, très tôt le matin du 20 décembre, afin de nous emmener toutes les trois jusqu'à l'aéroport de Toronto.


Sur la route de Toronto, Nymph et Chumani dégustant leur pause...

Huit heures de route plus tard, heureusement ponctuées d'arrêts d'une vingtaine de minutes pour le confort des chevaux et des humains, nous voici arrivant à l'aéroport Pearson de Toronto. Il fait froid et un vent glacial nous gèle.

Nous sommes rejoints par les ex-propriétaires de Rosie, venus livrer leur jument (ils n'ont eu qu'une petite heure de route et Miss Rosie, bien que ronde de 8 mois de gestation, semble en pleine forme). Il faut attendre l'arrivée du vétérinaire de l'ACIA qui vérifiera que les papiers des chevaux sont en règles et les chevaux eux-mêmes toujours en bonne santé.

Il faut aussi attendre la Chief-Groom de KLM; car dès que les formalités administratives seront terminées, c'est elle qui sera responsable des chevaux, donc ma patronne, jusqu'au dédouanement des chevaux, à Amsterdam. Les grooms sont employés par la compagnie aérienne, KLM en l’occurrence, et ils ont reçu une formation adaptée; leur département s'appelle le Animal Hotel, appellation qui fait sourire, mais qui porte bien son nom, comme nous le verrons plus tard.


Présentations : Isabelle, Chumani et Olli font connaissance...
Olli arrive et nous faisons connaissance. Le courant passe instantanément : entre femmes de chevaux, on se reconnaît... de plus, Olli n'en est pas à sa première rencontre avec des Curlies et elle trouve Chumani magnifique; évidement, cela ne peut que me la rendre encore plus sympathique !






Les formalités vétérinaires sont terminées. Le conteneur de transport est approché et préparé. Une litière épaisse de copeaux de bois tapisse le sol. Les filets à foin sont bien remplis. La largeur des stalles est ajustée et toutes les attaches sont vérifiées : il est temps d'y installer les chevaux.



 

À suivre...



*Il m'arrive fréquemment d'agir comme agent pour des clients; je recherche le Curly de leur rêve et m'occupe de toutes les formalités. 

29 janvier 2013

Encore un mot...


Comme le disait si joliment Victor Hugo : «Les mots manquent aux émotions.»

Mais André et moi, ainsi que Chaïma, nous en connaissons un joli :

Merci.

Merci à Benjamin et à Max d'avoir tout quitté pour venir nous aider et merci à leur famille de les avoir laissé partir dans la nuit, le froid et le vent glacial.

Merci aux Docteurs Sarah Poitras-Wright et Frédérick Deschesne, ainsi qu'au Dre Cécile ? (je suis navrée de ne pas connaître son nom de famille) et à leur équipe d'étudiants. Votre aide, votre calme, votre disponibilité, vos encouragements et votre générosité nous sont précieux. Merci aussi de votre honnêteté et d'avoir cru en Chaïma et en nous.

Merci à Sarah et Carl, Camille et Sherry, vous n'avez pas idée combien votre présence nous est précieuse.

Merci à Carole, pour ton soutien discret, mais constant.

Merci à l'autre Carole, pour tes émotions et tes pensées; la distance n'empêche pas l'amour et la générosité.

Thank you so much, my sisters in soul... Adria, Michelle, Elaine, Laurie, Annette...

Thank you Guinevive for your generous offer. Our home is your home.

Merci à tous ceux qui nous ont témoigné amour, soutien, sympathies; vous êtes trop nombreux pour que nous vous énumérions tous, vous vous reconnaitrez :o)

Merci à nos familles de comprendre notre folie d'aimer si fort nos 4-pattes et de partager les émotions qu'ils nous apportent, dans la joie ou la peine.

Merci à ceux que j'oublie peut-être au moment d'écrire ces mots, mais dont notre coeur se souvient.

Merci aux anonymes, lecteurs de ce blog, merci pour votre fidelité.

Enfin, merci à Pascaloue qui va être bouleversée quand elle va découvrir ce qui est arrivé et qui va me chicaner de ne pas l'avoir appelée. Pascaloue, j'y ai pensé, mais tu étais plus utile auprès de tes propres chevaux qu'avec les miens. Nous n'aurions pas hésité à t'appeler, tu le sais bien.

Avec Amour,

Isabelle & André

28 janvier 2013

Poussière de fée

J'aime tenir mon blog. Il est mon exutoire et il permet de lier mes plaisirs et mes passions. Mes billets sont à 99% spontanés et non-prémédités, si je puis le dire ainsi.

Parfois, très rarement, je triche un peu : il m'arrive exceptionnellement de préparer des billets qui seront publiés plus tard, car je peux programmer à l'avance leur publication automatique.

Lundi dernier, sachant que j'avais une semaine très chargée devant moi, je m'accordais quelques heures de loisir afin de mettre mon blog à jour et de préparer quelques billets d'avance. Je n'avais alors aucune idée des évènements dramatiques qui allaient bouleverser ma semaine si bien planifiée...

L'accident de Chaïma est survenu mardi. Pendant cinq jours, nous avons lutté coeur à coeur avec elle, pour sauver notre princesse devenue guerrière. Car elle s'est battu, Chaïma les beaux yeux, avec coeur, constance, courage et une patience d'ange qui a conquis et époustouflé tous ceux qui sont intervenus pour la sauver.

Pendant ce temps, mes billets se publiaient automatiquement... Ce que j'avais oublié et qui m'a fait un choc lorsque j'ai repris le clavier pour annoncer le départ de Chaïma. Insensible au drame qui se jouait, l'ordinateur exécutait platement sa tâche.

∞ ∞ ∞


Mardi 22 janvier. Il fait très froid et venteux. Le thermomètre s'obstine à ne pas vouloir indiquer plus de -20°C et les météorologues nous annoncent une semaine à l'avenant. Par contre, le ciel est parfaitement dégagé et la chaleur du soleil est perceptible si on se tient à l'abri du vent, ce que les chevaux savent bien. Ils ont leur coin favori, au bout de leur parc, là où l'action de la haie brise-vent est renforcée par de grands arbres et une maison voisine. Un coin bien ensoleillé et relativement protégé du vent nord-ouest glacial. Ils aiment s'y allonger pour faire la sieste, étendus de tout leur long, s'imbibant de soleil. Ce mardi, vers 11h, quand je vais les voir, alors que les matriarches ont choisi de rester devant le grand abri, près du foin et de l'eau, les plus jeunes font la sieste, tout au fond, tout près de la clôture; trop près de la clôture...

Quelques heures plus tard, je retrouve Chaïma le postérieur gauche coincé par le câble de la clôture. Elle s'est probablement allongée trop près et elle a dû se rouler, passer en dessous... qu'en sais-je? Cela fait huit ans que nous utilisons ces clôtures et nous n'avons jamais eu le moindre accident, contrairement à toutes celles que nous avons essayées auparavant.

Je me précipite, coupe le câble et la libère de son entrave. D'après les marques au sol, elle s'est beaucoup débattue. Elle semble épuisée, elle tremble (de stress? de douleur? de froid?). Son pied reste plié vers l'arrière... est-il cassé? gelé? simplement ankylosé? Elle tente de se lever, mais les postérieurs ne suivent pas et elle retombe lourdement. Mon coeur se serre et j'espère que ce n'est que de l'ankylose et des courbatures. Je tâte et examine sa jambe, observe ses constantes, puis je téléphone au vétérinaire lui décrivant la situation. J'appelle ensuite mon frère, il y a urgence et je suis seule. Puis je cours à la maison pour m'habiller plus chaudement. Je rafle les couettes qui sont sur les lits et les apporte à Chaïma. Quand je reviens, elle est toujours couchée, mais sur l'autre flanc. Elle a donc tenté de se lever... Je la couvre avec les couettes en duvet, la caresse, la tâte partout à nouveau. Ses doux yeux ne reflètent aucun affolement, mais il est clair qu'elle a mal. Ne serait-ce que si le sang s'est remis à circuler dans sa jambe... Comme la nuit tombe, j'approche le tracteur et j'allume les phares pour illuminer la scène; ainsi, mon frère et le vétérinaire pourront nous localiser au fond du champ...

Mon frère arrive et nous réévaluons la situation. J'avais imaginé que nous pourrions aider Chaïma à se lever et la soutenir jusqu'à l'écurie. Manifestement, elle est toujours incapable de se tenir debout et j'ai peur d'aggraver son état en l'y forçant. Je regarde l'heure et constate que Max, mon voisin, doit avoir terminé la traite de ses vaches. Je l'appelle à la rescousse. Il suggère de transporter Chaïma avec les sangles qu'il utilise pour transporter une vache blessée en la relevant et la suspendant à l'aide de la pelle du gros tracteur. Il fait tellement froid, que je pense que nous n'avons rien à perdre à essayer.

Max arrive avec les sangles, nous les passons sous Chaïma qui nous laisse faire. Quelques ajustements et voici la princesse qui s'élève doucement dans les airs... Elle s'agite un peu quand elle sent la pression sous son ventre et son sternum, mais se calme aussitôt. Je la soutiens, la caresse, lui parle, lui explique ce que nous faisons. Elle est attentive et calme. Nous commençons à rouler vers l'écurie.

Quand nous passons près des autres chevaux, Chaïma relève la tête et hennit. On dirait presque qu'elle leur dit : Hey! Les copines! Regardez! Je vole! Cela m'encourage. Nous parvenons devant l'écurie au moment où les vétérinaires arrivent. Nous essayons de poser Chaïma sur ses pieds, en espérant que les sangles l'aideront à la maintenir. Mais elle ne parvient toujours pas à se tenir debout. Nous la remontons, le temps de lui faire un lit de paille sur lequel nous la déposons délicatement. Elle est toujours dehors, mais au-moins sommes-nous à l'abri du vent, avec de la lumière et un vétérinaire...

Après auscultation, plusieurs inquiétudes tombent : Chaïma n'est pas en hypothermie, c'est plutôt la douleur qui la fait trembler. Elle n'est pas en état de choc, le pied n'a pas l'air cassé, son coeur bat un peu vite, mais pas autant qu'on aurait pu le craindre. On lui administre des antidouleurs puissants et des anti-inflammatoires. Il faut maintenant parvenir à la rentrer dans l'écurie... À cinq, nous parvenons à la tirer/pousser. La paille aide à faire glisser tout en amortissant les chocs. Brave Chaïma; elle se laisse faire, le regard confiant. Quand elle se défend un peu, il suffit que je lui demande de rester calme pour qu'elle se détende. Les vétérinaires sont sidérés par tant de calme et de confiance. Cela les encourage, nous aussi.

Des radios sont prises qui nous confirment que rien n'est cassé. Les vétérinaires réservent leur pronostic; a priori, ses blessures aux jambes ne sont pas mortelles. Longues à guérir, mais gérables, si elle se tient debout. Un cheval n'est pas fait pour rester couché. Il s'écrase sous son propre poids, tout en risquant les coliques, car son transit intestinal ne peut se faire aisément. Nous pouvons l'aider en la retournant au maximum toutes les quatre heures, en la massant, lui faisant bouger les membres, en s'assurant qu'elle boive, mange etc. Mais il faudra qu'elle se lève... Ma première nuit de veille commence.

Le lendemain, la deuxième équipe de vétérinaires arrivent. Ils sont six à notre secours. Tous adorables, compatissants, efficaces. Tous conquis par la douceur et la volonté de la princesse, par l'harmonie qui règne entre les âmes du lieu; en effet, Hélios veille sur sa princesse, avec douceur il la lèche et la veille. Yoda, Jules et Pinta (les chats) dorment sur le dos de l'un ou l'autre des chevaux, ou tout contre. Frimoos veille aussi, allant régulièrement donner un coup de langue sur le nez de sa copine. Chaïma est ceinte d'amour, de tendresse, d'attention, de soins... mais elle ne parvient toujours pas à se tenir debout. Je réalise que ses chances de s'en sortir sont minuscules, mais Chaïma, les vétérinaires et moi - puis André, prévenu et enfin de retour - nous décidons de lui donner toutes ses chances, même si les probabilités qu'elle s'en sorte sont faibles. Du moment qu'elle ne souffre pas (trop) et que son état reste stable ou s'améliore, nous poursuivrons nos soins. Les vétérinaires nous assurent qu'elle ne sera pas mieux soignée à l'hôpital que chez nous. De plus, si elle doit partir, je veux que cela soit à la maison, avec nous...

Nous apprenons à gérer les solutés et les cathéters, suivant à la lettre les instructions, ne quittant pas des yeux notre princesse. Dès que l'un de nous deux doit s'éloigner, Chaïma appelle, s'inquiète. Nous assurons des tours de garde, car il faut bien s'occuper des autres chevaux et de nous, de temps en temps.

Jeudi passe, ni mieux ni pire, Chaïma est toujours égale à elle-même et si elle semble frustrée de ne pas parvenir à se lever, elle prend son mal en patience; nous persévérons. Vendredi, les premiers signes de problèmes apparaissent. Les urines se teintent de rouge, indiquant un début de myopathie (dégénérescence des tissus musculaires et neurologiques). Chaïma commence à s'agiter. Heureusement, des amis sont là pour nous aider. Les prochaines heures seront de plus en plus difficiles.

Dans la nuit de vendredi à samedi, il est clair que le combat est perdu. J'appelle le vétérinaire qui me dit que je peux donner les doses de tranquillisant que j'ai en main, ainsi qu'augmenter les doses d'antidouleurs en attendant qu'il arrive. Nous savons que c'est la fin, notre seul objectif est qu'elle se passe le plus doucement possible.

Samedi matin, dans nos bras et sous nos caresses, Chaïma les beaux yeux, princesse guerrière, s'en est allée galoper au paradis des chevaux.

∞ ∞ ∞





 




26 janvier 2013

Pierre noire



Chaïma, notre princesse aux doux yeux,
nous a quitté pour le paradis des chevaux.

Deux ans, pratiquement jour pour jour,
après le départ du roi Arthur.

Arthur était à mes côtés lors de la naissance de Chaïma.
Elle dort maintenant allongée auprès de lui.
«Poussière de fée» comme l'a si joliment dit Tsumi.

Cette journée est à marquer d'une pierre noire.
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25 janvier 2013

Chumani, ici et ailleurs

Chumani chez nous, au Québec, le 15 décembre 2012...




 Chumani chez elle, en France, 10 jours plus tard...






Chumani contemplant son nouvel environnement et apprivoisant un climat totalement différent.


À suivre...
*

23 janvier 2013

19 mois plus tard...

 Vous souvenez-vous de cette pouliche, alors âgée d'un mois ?
C'était en juin 2011...




Voici la même, 19 mois plus tard...
et avec 65 cm et 350 kg de plus !




Un peu plus hirsute aussi, robe d'hiver oblige.
Et les oreilles sont maintenant proportionnées à sa jolie tête !




 Une jolie coquine, joueuse, affectueuse et curieuse.





 Qui n'hésite pas à faire comprendre à Akilédou que c'est elle l'héroïne de cette histoire...





Une beauté...
moins clown qu'Akilédou, mais qui fait sourire aussi.




Naseaux poudrés de pouliche en fleurs...


Janvier 2013

21 janvier 2013

Akilédou fait son Akilédou

*
Monsieur Akilédou est certainement l'un des Curlies le plus charismatique que je connaisse. Même en pleine sieste, il attire le regard...

Zen. L'irrésistible envie d'aller s'allonger près de lui...







Ou peut-être pas !
N'oublions pas qu'Akilédou est aussi un clown-né.







Charmant charmeur, il a compris depuis bien longtemps que de faire sourire est le meilleur moyen de séduire...





Il a cette douceur et cette gentillesse qui nous fait oublier combien il peut être taquin, faisant parfois tourner en bourrique les plus patients de ses amis, à deux ou quatre pattes.



Ce jour-là, Akilédou était d'humeur tendre et charmante. Un amour de cheval.

janvier 2013